Mission au Cameroun : 21 projets en 21 jours
La Fondation internationale Roncalli a une longue et riche histoire de travail avec des congrégations religieuses et des organisations locales au Cameroun, pays d’Afrique centrale. Au fil des ans, elle y a financé des centaines de projets, alors, lorsque j’ai eu l’occasion de visiter 21 projets en 21 jours dans ce pays l’été dernier, je n’ai eu qu’un aperçu des effets profonds de la solidarité qui existe entre la Fondation et la population camerounaise. Et quels effets !
Lors de mon séjour au Cameroun, j’ai rencontré 14 partenaires de la Fondation, qui m’ont accueillie à bras ouverts et très chaleureusement. Ensemble, nous avons rendu visite à de nombreuses communautés de la région centrale du pays, où des projets financés par la Fondation ont été mis en œuvre. Cette région est l’une des plus peuplées du pays, car elle comprend la capitale Yaoundé, mais englobe également de vastes étendues de zones rurales dominées par des activités agricoles à petite échelle. Elle souffre de nombreuses causes profondes de la pauvreté, comme le manque d’accès à de l’eau potable, les soins de santé limités, le peu de possibilités d’emploi pour les jeunes et la marginalisation des femmes.
Les projets que j’ai visités visent directement à contrer ces problèmes, souvent dans de petits villages isolés, nichés au milieu des forêts et de la brousse, et loin des routes principales et des villes. Je me suis souvent demandé comment ces villages pourraient améliorer leurs conditions de vie sans les petits projets financés par la Fondation.
The projects that I visited directly addressed these issues, often in small and isolated villages tucked away amongst forests and bush and far off from the main roads and cities. I often wondered how else these villages could improve their living conditions, were it not for the small projects that are funded by the Foundation ?
De l’eau partout, mais non potable
Alors que nous parcourions les routes d’un village à l’autre du Cameroun, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer la richesse du paysage. Nous avons traversé des forêts denses à côté de champs regorgeant de tiges de maïs et de manguiers. Nous avons fréquemment traversé des rivières et des ruisseaux, y compris le puissant fleuve Sanaga. Malgré cette eau en abondance, nous voyions, partout où nous allions, des gens se déplacer à pied ou à moto et traînant avec eux de grands récipients à remplir d’eau. Il est clair qu’atteindre des sources d’eau potable n’est pas une tâche facile; c’est une entreprise laborieuse et qui prend du temps. Toutes les personnes avec qui j’ai parlé m’ont expliqué que l’eau est la plus grande difficulté à laquelle elles font face quotidiennement.
J’ai visité sept projets relatifs à l’eau lors de mon séjour et, dans tous les cas, nous avons pu constater l’amélioration très directe que ces projets apportaient dans la vie des gens. Lorsque nous arrivions dans les communautés, souvent le chef du village ainsi que le comité chargé de l’eau et d’autres villageois me saluaient avec exaltation, désireux de me montrer le puits et la facilité avec laquelle ils pouvaient pomper de l’eau potable directement dans une bouteille à quelques pas de chez eux.
Comme me l’a dit un chef de village : « C’est avec une immense joie que nous avons reçu la nouvelle de la création d’un point d’eau potable dans notre village, car, comme nous le savons tous, l’eau nous apporte des nutriments, elle est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme, régule notre température et élimine les toxines; elle prévient la sécheresse et favorise l’agriculture. En un mot, l’eau, c’est la vie ! »
Un projet, réalisé en collaboration avec l’organisation Alternatives durables pour le développement, visait à construire des puits dans trois villages isolés. Deux de ces villages disposent désormais de forages munis de pompes manuelles d’où jaillit de l’eau. Dans le troisième village, cependant, après de nombreuses tentatives des techniciens spécialisés embauchés pour creuser le puits, la nappe phréatique était tout simplement trop profonde pour pouvoir installer une pompe. Cela a été une déception pour les villageois, qui cherchent désormais une autre solution pour amener de l’eau à leur communauté. Cela montre à quel point il peut être difficile de rendre l’eau accessible à toutes et à tous et à quel point il est nécessaire d’investir et d’innover dans ce domaine.
Répondre aux multiples besoins en matière de santé
Un autre obstacle majeur au bien-être de la population est l’accès aux soins de santé. Sans filet de sécurité sociale dans le pays, les hôpitaux publics sont rares, et ce sont souvent des cliniques communautaires ou des établissements de santé gérés par des congrégations religieuses qui comblent les lacunes. Ces établissements de santé fournissent des services essentiels à la survie qui permettent aux enfants et aux adultes de recevoir des soins médicaux pour des cas simples et d’être traités pour des maladies potentiellement mortelles à défaut de soins, comme le paludisme et le choléra. La Fondation a soutenu dans le pays de nombreux projets dans le domaine de la santé, et j’en ai visité six mis en œuvre dans des établissements sanitaires allant d’hôpitaux urbains modernes à une clinique de campagne entourée de champs et de forêts.
Cette clinique de campagne était située dans le village d’Ibaïkak, au plus profond de l’intérieur du pays, à environ deux heures de l’autoroute principale et accessible seulement après avoir emprunté des chemins de terre sinueux qui peuvent facilement être inondés pendant la saison des pluies. Essayer d’aller dans une clinique ou un hôpital peut être un voyage long et coûteux, et c’est pourquoi beaucoup renoncent à chercher des soins médicaux indispensables. Le chef du village voulait changer cette situation et, grâce au financement de la Fondation Roncalli, la communauté a pu réhabiliter un bâtiment local et le transformer en petite clinique de brousse. La structure en bois comprend une pharmacie, un cabinet de consultation et une pièce avec deux lits où les patients peuvent rester en observation ou se rétablir après une intervention mineure. Le financement de la Fondation a permis d’acquérir les matériaux de construction et l’équipement de base nécessaires au démarrage des travaux. Ce sont les membres de la communauté eux-mêmes qui ont consacré le temps et les efforts nécessaires pour rénover l’espace et le rendre lumineux et accueillant. La clinique dispose désormais d’un médecin qui vit sur place et qui peut prodiguer des soins essentiels aux villageois, mais aussi aux personnes de communautés environnantes.
Dans un autre cas, j’ai visité un centre de santé légèrement plus grand récemment ouvert par l’Association des Servantes de Jésus, une congrégation religieuse locale. Situé à la sortie d’un carrefour routier très fréquenté et hasardeux, où l’urbanisation rapide transforme rapidement une zone rurale, le centre de santé doit gérer des cas propres aux deux réalités.
Rien que ce matin-là, le centre a accueilli 50 patients, principalement pour le traitement de maladies courantes et même pour un accouchement. L’un des jeunes médecins qui était encore en service après une garde de nuit a expliqué comment il avait soigné une femme pour des blessures causées par son partenaire. Il a déclaré que les cas de violence conjugale étaient de plus en plus fréquents, ainsi que les cas de blessures dues à des accidents de la route survenus sur l’autoroute de plus en plus fréquentée. Presque tout le mobilier et l’équipement des installations clairsemées ont été fournis par la Fondation. Une sœur qui tient la pharmacie m’a montré avec fierté les rayons bien garnis. « Je n’aurais jamais pensé que nous pourrions avoir une pharmacie, mais, grâce à la Fondation, nous l’avons », s’est-elle exclamée. Les sœurs ont déclaré avoir ouvert la clinique parce qu’elles en reconnaissaient le besoin, mais qu’avec très peu de ressources à leur disposition, elles ne savaient pas comment y parvenir. « Mais nous avions un rêve et nous avons mis notre foi en Dieu », a déclaré Marie Salomé, la responsable de la congrégation. Cette foi les a conduites à la congrégation Notre-Dame, laquelle les a aidées à faire leur demande de financement auprès de la Fondation Roncalli. Les sœurs espèrent maintenant élargir leurs services afin de pouvoir traiter des cas plus complexes, comme la pratique de césariennes ou le traitement de certaines maladies chroniques.
Donner des possibilités aux jeunes
Près de la moitié de la population camerounaise est âgée de 18 ans ou moins, ce qui en fait une société brillante et dynamique. De nombreux jeunes sont cependant en situation de désespoir en raison du manque de possibilités d’emploi dans le pays. S’ajoutent à cela les difficultés à gagner sa vie grâce à l’agriculture de subsistance ou même à la production de cultures commerciales, comme le cacao. De nombreuses communautés que j’ai visitées étaient très touchées par cette situation, qui incite souvent les jeunes à partir chercher un emploi à l’étranger.
Les partenaires de la Fondation Roncalli tentent heureusement de changer cette situation, et j’ai visité six projets qui aident les jeunes camerounais à créer un avenir meilleur pour eux-mêmes et pour leur pays.
Le Centre de formation agricole de Mbalmayo (CAPAM) propose aux jeunes des formations aux techniques d’agriculture biologique et les encourage à voir l’intérêt d’en faire leur profession. Le centre est situé sur quatre hectares de terres fertiles, où les étudiants apprennent à améliorer la qualité des cultures, à fabriquer des pesticides à base de plantes et à élever du bétail. La Fondation a contribué à financer l’installation de panneaux solaires, lesquels permettent au centre de disposer d’une source constante d’électricité. Cela signifie également que de l’eau est toujours accessible puisque la pompe électrique reliée au puits n’est pas affectée par les coupures de courant de plus en plus fréquentes.
L’organisation déploie de nombreux efforts pour attirer les femmes dans le secteur et souhaite offrir des bourses aux jeunes mères pour qu’elles ne soient pas obligées d’abandonner leurs études. Le jour de ma visite, les élèves recevaient leur certificat de fin d’études, un moment de fierté après une année de dur labeur. Leur certificat est reconnu par le gouvernement et peut leur ouvrir des portes. Une jeune femme pleine d’énergie m’a fait part de ses espoirs pour l’avenir : « Certains disent que l’agriculture ne fait pas des millionnaires, et certains le croient vraiment. Mais je sais que je peux y arriver. Je pourrais être la première agricultrice qui vit uniquement de l’agriculture, et je m’élève et deviens une grande femme d’affaires dans le secteur. »
Ses aspirations permettent d’espérer que les jeunes femmes puissent surmonter la discrimination à laquelle elles font face. Beaucoup d’entre elles sont cependant encore freinées par des obstacles, notamment en ce qui concerne leur éducation. Les parents n’ont souvent pas les moyens financiers nécessaires pour envoyer leurs filles poursuivre leurs études après l’école primaire ou n’en voient pas l’intérêt. Sœur Madeleine-Gertrude des Sœurs de Saint-Paul de Chartres, une femme dynamique et motivée, est déterminée à changer cette situation. Elle a mobilisé la communauté pour l’aider à transformer un vieux bâtiment délabré en résidence pour adolescentes afin qu’elles puissent poursuivre leurs études secondaires. La résidence, située à proximité d’un collège pour filles, peut accueillir une dizaine d’étudiantes qui peuvent y séjourner gratuitement. Au fil des ans, la Fondation a soutenu quatre projets pour aider à l’aménagement et à l’entretien de la résidence. De l’achat de lits, de tables et d’armoires jusqu’au forage d’un puits dans la cour, ces éléments essentiels ont été fournis grâce au financement de la Fondation. Le projet le plus récent consistait en l’installation de panneaux solaires, lesquels, selon sœur Madeleine-Gertrude, ont transformé la vie des filles. Elle pouvait à peine contenir son enthousiasme et sa gratitude en expliquant que les filles peuvent désormais étudier le soir et vivre en plus grande sécurité.
« La vie à la résidence a complètement changé. Nous avons maintenant de la lumière et un congélateur. Nos vies ont été transformées. C’est la belle vie! Nous sommes comblées de joie », a-t-elle dit.
Plus forts, ensemble
Il m’est impossible de décrire toutes les rencontres et expériences que j’ai vécues au cours de ce voyage. J’ai rencontré la congrégation des Sœurs missionnaires du Saint-Esprit et j’ai vu les rénovations que nous avons financées dans leur cuisine. J’ai rencontré un groupe de jeunes séminaristes avec les Missionnaires du Saint-Esprit, dont les études sont soutenues par la Fondation Roncalli par l’entremise du Fonds Baillairgé. Partout où je suis allée, les personnes m’ont remerciée d’être venue du Canada pour les rencontrer et voir leur réalité. C’est moi, pourtant, qui leur suis si reconnaissante de m’avoir accueillie à bras ouverts, d’avoir partagé leur culture, et de leur courage et leur détermination à mener à bien les projets. Ce fut une joie de célébrer ensemble toutes ces réalisations et de reconnaître véritablement que c’est ensemble et dans la solidarité que nous parcourons cette voie vers un monde plus humain.